David Madore's WebLog: Fragment littéraire gratuit #21 (un triptyque)

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(vendredi)

Fragment littéraire gratuit #21 (un triptyque)

À défaut de pouvoir trouver les livres que je voudrais lire, et n'étant pas capable de les écrire moi-même, je peux au moins les méta-écrire !

— Mon idée, c'est de faire trois parties, une sorte de thèse-antithèse-synthèse. Chacune se déroulant dans une grande capitale européenne : la première à Londres, la seconde à Rome et la troisième à Paris. Le roman s'ouvrirait sur l'abbaye de Westminster et se terminerait sur Notre-Dame. Chacune des trois parties aurait un personnage principal, qui n'apparaîtrait que dans un tiers du livre, et elle décrirait un an de sa vie : la même année vécue trois fois, à trois endroits et par trois personnes.

— Ce n'est pas spécialement original.

— Je n'ai aucune prétention à l'originalité. Entre ces trois personnages, donc, des points communs : ce sont trois garçons, ils ont le même âge, sont étudiants, et sont homosexuels. Mais aussi des différences de milieu : l'Anglais est d'origine tout à fait modeste, un personnage que Ken Loach pourrait aimer, il doit travailler comme serveur pour financer ses études, il veut à tout prix réussir, et il est très bon élève ; l'Italien est fils d'un homme d'affaires richissime et d'une sorte de Barbara Cartland méditerranéenne, il habite un grand appartement à deux pas de la piazza di Spagna, et sa vie est oisive et douce ; le Français est fils d'intellectuels…

— Décidément, tu ne recules devant aucun cliché !

— Tu est pénible, tu sais. Tu veux que je te raconte, oui, ou non ?

— Excuse-moi, je trouve juste que tu y vas un peu fort. Mais continue.

— Le seul lien connectant les trois personnages (même s'il y a d'autres liens deux à deux) c'est un ami américain, qui vit à New York — ou peut-être San Francisco —, dont on ne sait pas au juste les relations avec les héros, mais qui correspond avec chacun des trois, et qu'on ne connaît qu'à travers ces lettres ; on le devine plus âgé, mais on ne sait pas si on doit lui donner quarante ou soixante ans.

— Bon, et avec tout ça ? La matière, c'est quoi ?

— La description de la vie (et notamment de la vie gay) dans les trois villes en question. Ce sont elles les véritables héroïnes.

— Mais je rêve ! Tu n'as jamais mis les pieds à Rome, et tu n'as passé que quelques jours à Londres. Comment pourrais-tu décrire quoi que ce soit de la vie romaine ou londonienne ? Et je ne parle même pas de la vie branchée ?

— Est-ce que ce n'est pas le propre d'un artiste de pouvoir rapporter parfaitement les choses qu'il n'a jamais vues, qu'elles soient inventées ou réelles ? D'écrire un poème que chacun croira fait pour lui ? Tu ne voudrais pas que je dévoile les secrets de l'art, tout de même ? Ceci dit, tu n'as pas tort : pour éviter les erreurs factuelles les plus bêtes, il ne me suffira pas de lire Time Out, il va falloir voyager un peu. Je te propose donc que nous passions deux mois à Londres et deux à Rome…

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