David Madore's WebLog: À la recherche du look perdu

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(lundi) · Premier Quartier

À la recherche du look perdu

Je me dis que je devrais chercher à me trouver un look (un vrai look à moi) pour remplacer mon actuelle absence complète de style, une tenue qu'on ne peut qualifier que d'« éclectique » (à ceci près que je ne porte que du noir : on suit le leitfaden qu'on peut).

Éclectique dans le temps : par le passé j'ai eu les cheveux rasés et je portais bombers, treillis et rangers — plus tard, avec les cheveux très courts mais plus tout à fait rasés j'ai réussi à me faire prendre pour un pompier (sérieusement !) par une brave dame dans la rue qui m'a demandé son chemin (elle ne pouvait pas me faire de plus charmant compliment) ; maintenant ma tenue fait plutôt « gothique » avec mon sweat Slipknot et mon pantalon baggy (on a insisté pour que je porte autre chose que des treillis, et j'ai besoin de plein de poches, alors le baggy était une solution naturelle, en plus, c'est rigolo, il y a plein de parties dont je me demande si elles sont censées être fonctionnelles ou décoratives, ou les deux).

D'ailleurs, ce soir, je me suis fait aborder par une fan de Slipknot juste parce que je porte le logo du groupe sur mon sweat (en tout cas, c'est le prétexte qu'elle a utilisé pour m'aborder — peut-être que c'était juste pour mes beaux yeux). Elle elle avait un look clair et lisible : comprendre, « goth » en gros caractères clignotants (noirs, évidemment). Moi j'aime assez bien le look goth, hein, c'est juste que je pourrais difficilement le porter à de telles extrémités sans écouter la musique qui va avec (bon, et puis les petites croix à l'envers dessinées sous les paupières, quand même, c'est peut-être un peu excessif). En tout cas, là, je me suis trouvé un peu con avec le devoir aporétique d'expliquer que, non, je n'étais pas spécialement fan de Slipknot (bon, je n'allais pas non plus dire que je n'avais strictement rien entendu d'eux — maintenant je vais me faire un devoir de remédier au moins à cette complète ignorance) et que, euh, j'écoutais un peu de tout (de fait, au fur et à mesure que j'écris cette entrée, mon ordinateur m'a donné successivement à entendre du Eminem, du Bangles, du Mendelssohn, du Altan, du Mylène Farmer, du Sibelius et du Limahl : c'est dire si c'est éclectique).

Éclectique aussi dans la composition : avec le sweat qui attire les (ostro?)goths, ou en son absence s'il fait trop chaud, je porte un tee-shirt sans manche façon surfer (Quiksilver, O'Neil ou Billabong — mais là on retrouve une unité parce que « Billabong » est écrit en caractères gothiques) ; des baskets Nike, et parfois une casquette (à l'envers) idem ; des dog tags (plaquettes d'identifications, façon armée américaine) que j'ai fait graver à mon nom et numéro de sécurité sociale (parce que c'était une idée ridicule donc ça me plaisait) ; à l'occasion j'ai aussi des poignets de force.

Ah, tiens, ça me fait penser, il y a un accessoire vestimentaire / décoratif qui semble assez populaire en ce moment, et dont l'utilisation est vraiment éclectique, c'est le bandana. Comprendre, un carré de coton (coloré et décoré d'arabesques d'un côté), que j'ai vu porter au moins de toutes les façons suivantes : sur la tête (façon « pirate ») d'au moins deux manières différentes, ou ceignant le front comme un bandeau, ou encore comme un foulard (façon « cow-boy ») devant le cou ou derrière la nuque, ou à l'inverse pour se cacher le visage (façon rebelle néo-zapatiste), ou bien autour du biceps, ou enfin autour du poignet. C'est fou tout ce qu'on arrive à faire avec le même carré de tissu : les origamistes n'ont qu'à bien se tenir. Je me suis procuré l'objet magique (en noir, bien sûr), mais je n'arrive pas à reproduire toutes les figures de style que je viens d'énumérer, si quelqu'un veut bien m'apprendre… Ah, on peut aussi le laisser dépasser de sa poche pour indiquer ses préférences sexuelles (voire religieuses — mort de rire), d'ailleurs je me suis toujours demandé comment des gens pouvaient avoir réussi à distinguer tellement de couleurs différentes — mais bon, je crois que c'est un art qui s'est perdu depuis. En tout cas, sous une forme ou une autre, il y a clairement une thèse de sociologie à écrire sur le port du bandana.

Ah oui, j'ai essayé la toge romaine aussi, comme façon de s'habiller. Verdict : d'abord c'est horriblement inconfortable et difficile à mettre. Ensuite, les gens dans la rue, qui ne daignent pas détourner la tête pour quelqu'un qui a les cheveux verts et des piercings de partout, en revanche, si vous vous baladez en toge, ils vous regardent vraiment bizarrement, c'est bizarre.

Mais bon, peut-être que je devrais assumer mon éclectisme et le revendiquer, en fait. (Trivia de la journée : saviez-vous que l'éclectisme était le nom donné à la doctrine philosophique de Potamon d'Alexandrie ? Non ? Moi non plus, il y a une minute. Eh bien maintenant vous savez.) Après tout, quand on a vraiment de la classe, on communique la classe à tout ce qu'on fait, quelle que soit la façon dont on le fait, y compris la manière dont on s'habille. 😎

Et si je me faisais faire un petit tatouage ? Je sais déjà ce que ce serait : le symbole « danger biologique » — quoi de plus approprié pour m'étiqueter ? Malheureusement, un groupe de heavy metal a déjà eu l'idée de s'approprier le logo et le nom « biohazard », et on risquerait encore de me prendre pour un fan. Pfff, c'est terrible ce monde, toutes les bonnes idées sont déjà prises. Potamon d'Alexandrie avait bien raison : il faut les récupérer là où elles sont.

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