Comments on La dystopie des applications sur smartphone

> @Corentin: Je partage la préoccupation (je refuse catégoriquement d'installer WhatsApp pour cette raison, par exemple), mais c'est exagéré de dire que la pénalité est qu'on ne pourra pas communiquer avec ses proches. Tout le monde peut envoyer/recevoir des SMS+MMS, que je sache, et si quelqu'un n'est pas content avec, vu qu'il était prêt à installer une app de messagerie, ce quelqu'un acceptera bien d'installer Signal si on lui demande ; quant à l'usage de Facebook lui-même, ben on peut passer par le site Web (qu'ils sont bien obligés d'avoir vu qu'ils veulent qu'on puisse l'utiliser depuis un fixe).

Je ne suis pas d'accord. Même après m'être acheté un smartphone, j'ai longtemps résisté à installer WhatsApp. Au bout d'un moment, ce n'était juste plus possible. Quand on rejoint un groupe (de stage de musique en l'occurrence, mais il y en a eu d'autres depuis) et qu'il y a déjà une conversation WhatsApp, c'est difficile socialement d'exiger que les 10 personnes migrent sur Signal, surtout quand la conversation a déjà un historique.

Et en dehors du point précis du partage de contacts, je peux donner des quantités d'exemples similaires de réseaux que j'ai dû accepter d'utiliser alors que j'aurais préféré des alternatives qui me paraissent défendables, que ce soit pour des raisons d'encryption, d'absence de publicité, de gestion non tournée vers le profit, de liberté du logiciel, etc. Facebook, où j'ai été forcé d'ouvrir un compte vers 14 ans parce que toute la communication pour une activité scolaire se faisait dessus. Discord, j'ai dû m'y mettre car sinon je serais resté complètement isolé de ma promo à l'ENS Paris-Saclay. LinkedIn, pas possible sinon de retrouver la trace de certaines anciennes connaissances parce que c'est là qu'elles laissent des informations sur ce qu'elles deviennent. Slack, conversation de groupe d'un labo où je faisais un stage. Zoom, pour les visios de certains cours pendant le confinement. Et pour Twitter… désolé de te le dire, mais c'est exclusivement pour lire tes posts, sinon je ne regarde que (parfois) Mastodon et (encore plus rarement) Bluesky.

Je dérive un peu du sujet, mais ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas parce que les alternatives éthiques existent et sont universellement utilisables que chacun a la liberté de les utiliser exclusivement. (Et je trouve très inquiétant qu'il soit socialement normal de forcer les autres à communiquer sur des réseaux avec ce genre de défauts, alors que par ailleurs l'État gère des marchés publics pour tout un tas de choses.)

Vision d'horreur: tout internet accessible seulement par des CDN, des apps, ou des sites à entegistrement obligatoire (comme les vidéos de France Télévisions) qui nous fichent même sans cookies, nous assomment de réclames bandepassantovores et gênent l'archivage, les moteurs de recherche, le copier-coller et les captures d'écran :-(

L'utilité des apps est aussi autre pour les géants d'internet : là où une simple page web peut être exploitée de bien des manières (dont profitent les ad-blockers), autant modifier une app expose à pas mal de problèmes légaux. Et cela siet parfaitement aux oligopoles de la tech.

A ce sujet, voici un article intéressant sur le sujet (au milieu de l'article), par cory doctoroww, fameux auteur de science-fiction et libriste reconnu : https://pluralistic.net/2024/03/12/market-failure/#car-wars

@Coward Anon: "voir leur compte en banque totalement siphonné d'un jour à l'autre, suite à un vol + hack"

Apparemment, pas possible simplement sous Android de changer nom ou icône d'app, et mot de passe d'app bancaire limité à quelques chiffres :-((

Pour ce qui de faire croire certaines choses aux applications de son ordiphone, dont notamment la position, c'est intégré très simplement dans /e/os qui peut se trouver en OS natif des Fairphones.

Quitte à râler sur les droits demandés par les applications avec la bénédiction des maître des systèmes d'exploitations, un point un peu plus grave à mon avis que la géolocalisation :

Il est impossible que ce soit sous ios ou android de ne partager que certains contacts avec les applications demandant la liste.
Et autant pour les applications demandant la geolocalisation, on peut ("en principe", en faisant très attention) ne la donner que temporairement. Mais une fois le carnet d'adresse (donc toute les personnes physiques ou morale avec lesquelles vous avez interagis ces dernières années/décennies) partis chez Facebook & co, bon courage pour le leur enlever…

Et l'alternative étant de nos jour "ne plus pouvoir communiquer avec ses proches", ce que je trouve nettement plus grave que de ne pas pouvoir louer une voiture sans passer par un guichet, ou même de voir ses options d'activité sportive un peu plus limitée.

J'ai cherché quelques solutions, mais je n'en ai trouvé aucune vraiment utilisable. Et dans la mesure ou apple au moins a réussi a transformer l'autorisation "accéder aux fichiers" en "Choisir quel fichiers/photos telle applis peut utiliser", j'ai du mal a croire que cet état de fait n'est pas volontaire

Ca existe encore Neoness? J'avais ouï dire qu'ils s'étaient faits gober par Keepcool. Pour le reste, j'aime bcp les arguments au sujet de qui se fait avoir par qui avec ces apps. Mais je ne me sens pas trop concerné, vu que j'ai décidé, vers 2005, de vivre sans portable. C'est possible vu mon activité, et je ne m'en porte pas plus mal. Plutôt mieux, d'ailleurs, si on considère que dans le pays où que je suis, l'objet le plus volé est le smartphone. On n'y compte plus les gens qui sont passés par la curieuse expérience de voir leur compte en banque totalement siphonné d'un jour à l'autre, suite à un vol + hack. D'ailleurs, cette mauvaise publicité commence à avoir des conséquences. Les gens ne sont pas forcément plus prudents, mais plus méfiants, oui.

Ah, et j'ai bien ri sur "dentapoche" (je suis allé voir leur pub). Non mais quelle connerie alors! Si un mec a mal aux dents (mais vraiment mal), en général il court chez le dentiste le plus vite possible, point. Il ne va évidemment pas sortir son iphone et pianoter tranquillement pour avoir un RDV après avoir rempli un formulaire où la case "quel dentifrice utilisez vous et à quelle fréquence?" doit obligatoirement avoir une réponse pour pouvoir passer à la page suivante.

Mon dentiste a trouvé pire que de m'obliger à installer une app qui offre une vue limité sur un site web : choisir une plateforme qui ne fournit qu'une app, sans aucun site web alternatif.

<URL: https://dentapoche.fr/>

Pour l'instant Dentapoche envoie des mails de rappel de rendez-vous et de récapitulatif même si on installe pas l'application, mais je me demande pour combien de temps encore…

L'obligation d'installer une application closed source sur un appareil qui transmet ou stocke des infos confidentielles 🥶

> Il y a bien sûr des idiots, dont le cerveau a été endommagé par le mirage que la concurrence apporte une vraie liberté, qui seront tentés de me dire si tu n'es pas content, tu n'as qu'à aller voir ailleurs

Dans ce cas bien précis, cet argument est recevable, et traiter les gens de débile est un maigre contre-argument.

Une salle de sport privé, c'est pas un service public. C'est un truc dont on n'a pas fondamentalement besoin, et qu'on trouve à tous les coins de rue dans une ville grande ou moyenne, et c'est un secteur avec pas mal de concurrence. Certes, ça ne les autorise pas à faire tout et n'importe quoi, mais demander l'installation d'une application pour être client chez eux, c'est quand même leur droit. De la même façon, on te demande de créer un compte sur internet pour être client d'une banque en ligne, et il n'y a pas d'exception pour les réfractaires à internet.

Nous ne sommes plus dans la dystopie, mais dans le réel.

Pour que les gens saisissent le côté dystopique, il faudrait aujourd'hui une autre analogie, par exemple imaginer un monde où l'accès à tel ou tel service serait conditionné à une mise à jour de sa puce Neuralink.

Pour l'accès au GPS c'est vraiment n'importe quoi. On peut installer un émulateur GPS qui permet de choisir sa position et demander à Android de l'utiliser à la place du GPS. Mais, alors qu'historiquement ça fonctionnait de manière transparente, maintenant Android a ajouté des infos dans l'API pour que l'application sache qu'on lui mente (bref, une appli peut savoir si c'est un émulateur GPS juste en demandant à Android).
Google prends des décisions pour maximiser le revenu publicitaire, pas pour faciliter la vie de ses utilisateur.

Effet Zahir
Après avoir lu ton billet, je tombe sur cet extrait d'entretien avec Amélie Nothomb, qui proteste sur un sujet approchant (devoir réserver pour aller au Louvre, alors qu'elle est « un être sans connexion »)
https://www.instagram.com/reel/C4VM-riBmg0/?igsh=MWUwbnFubnRtNWtvdQ==

On peut changer de salle de sport mais le Louvre est unique.

J'utilise le lecteur d'empreintes digitales parce que ① avoir un verrouillage est obligatoire si on veut utiliser un VPN (j'utilise Tinc pour relier mes appareils mobiles à mon réseau) et ② ça apporte quand même un petit peu de sécurité par rapport à rien du tout, ne serait-ce que contre une indiscrétion d'occasion. Et je peux te dire que ça fonctionne avec Lineage OS.

Espérons que le digital market act va améliorer la situation. Ca se fera pas en quelques jours, mais je pense que ca pourrait aider sur le long-terme.

En tout cas, en tant que personne qui déteste les smartphone et n'en a un que depuis 1 an, faute d'avoir trouvé un nouveau dumbphone, je dois avouer que ma vie est assez peu impactée par mon choix de délaisser les apps et autres smartphones.

Et faire un procès à la salle s'il s'avère qu'ils imposent la possession d'un smartphone et d'une application pour accéder à la salle ?
Les associations de consommateurs peuvent aider en cela, aussi.

Qui sait ? La simple menace pourrait les faire reculer.

(Je partage ton agacement et ton inquiétude.)

Tu donnes des raisons très vraies pour lesquelles *les développeurs de ces services* veulent nous inciter à installer des applications plutôt qu'à consulter des sites Web. Mais je crois qu'il y a aussi un autre éléphant dans la pièce, à savoir l'intérêt qu'ont *Google et Apple* à ce que leurs utilisateurs installent des applications. Et là, il n'y a pas à chercher très loin, l'intérêt est simplement financier, parce que le paiement du service fourni par une app se fait soit en installant l'app, soit via une API du mobile (« in-app purchase »), et que Google/Apple peuvent prendre une commission sur ces achats (enfin je n'y connais trop rien à Android, parce que je suis chez le choléra alors que tu es chez la peste, mais je sais qu'Apple ponctionne une part absolument délirante des montants, quelque chose comme 30%). Alors que sur un site Web, ce serait plutôt en prenant un abonnement ou en créant un compte, en payant via une API Web de la banque, choses qui sont hors du contrôle de Google ou d'Apple.

Et bien sûr, plus il y a d'apps qui sont écrites pour Android et iOS, plus il est difficile de proposer une alternative crédible à ces deux systèmes, et donc plus les velléités de concurrence potentielle sont étouffées. (Case in point : la raison qui a fini par me pousser à acheter un smartphone à la place de mon dumb phone est que j'étais bloqué pour payer en ligne à cause du système « Certicode Plus » de la Banque Postale <URL:https://www.labanquepostale.fr/particulier/comptes-et-cartes/espaces-clients/securite/certicode-plus.html>, qui fait la vérification d'identité via une app mobile, et j'aurais bien pris quelque chose qui me paraisse éthiquement défendable, mais évidemment leur app n'est disponible que pour Android et iOS. L'alternative impliquant des démarches enquiquinantes <URL:https://www.labanquepostale.fr/content/dam/lbp/documents/bel/securite/numero-securise-certicode.pdf>, et j'ai compris que ce serait de plus en plus le cas pour d'autres choses que ma banque.)

Donc il ne faut pas trop s'étonner si les possibilités offertes aux applications Web ont des limitations stupides. D'ailleurs, Apple a donné récemment une démonstration absolument éclatante de sa volonté de tuer les webapps <URL:https://open-web-advocacy.org/blog/apple-backs-off-killing-web-apps/>

(μ-remarque : « l'app mobile est écrite en Java pour Android ou Objective-C pour iOS » → plutôt Swift aujourd'hui pour iOS, je crois)