Comments on Où j'apprends aussi l'informatique en l'enseignant

> Je n'ai pas encore eu le temps de lire en détail, mais je voulais juste dire que j'ai eu d'excellents retours sur le début du cours de la part d'anciens élèves qui le suivent. Ce qui est même assez surprenant, c'est que ça va très nettement plus loin que ce qui est fait à Ulm ou à Lyon en première année (pas de retours sur Saclay et Rennes). Dans les deux cas, il y a un cours Fondements de l'informatique qui contient langages rationnels, langages algébriques, calculabilité et complexité, donc la calculabilité c'est vraiment quelques heures de cours.

Alors, à Saclay, on a un cours de calculabilité + complexité, un cours de langages rationnels + algébriques, un cours de logique, et un cours de λ-calcul, chacun sur un semestre, donc on va quand même pas mal plus loin que ce cours-ci. Par exemple, sur le λ-calcul, on voit des modèles (comme Pω), on parle de machines (type Krivine), de continuations, et on fait aussi plus de preuves : par exemple on prouve le fait (admis dans le cours de notre hôte) que la réduction externe gauche débouche sur la forme normale si elle existe, ce qui est long et chiant 🙂. Mais j'ai l'impression que c'est un peu une spécificité de l'ENS Paris-Saclay de faire beaucoup d'informatique théorique, le laboratoire d'informatique est le LMF, le Laboratoire des Méthodes Formelles, où il y a pas mal de logique / réécritures / preuve formelle (notamment autour du projet Dedukti).

Je n'ai pas encore eu le temps de lire en détail, mais je voulais juste dire que j'ai eu d'excellents retours sur le début du cours de la part d'anciens élèves qui le suivent. Ce qui est même assez surprenant, c'est que ça va très nettement plus loin que ce qui est fait à Ulm ou à Lyon en première année (pas de retours sur Saclay et Rennes). Dans les deux cas, il y a un cours Fondements de l'informatique qui contient langages rationnels, langages algébriques, calculabilité et complexité, donc la calculabilité c'est vraiment quelques heures de cours. Et dans le reste il y a énormément de redites pour les anciens MPI (en gros, les seules choses nouvelles sont les automates à pile, plus de formalisme pour la calculabilité et la complexité, et les classes de complexité en espace).

De manière générale, l'effort fait par Telecom Paris (et uniquement Telecom Paris : c'est vraiment la seule école dans ce cas) pour proposer un cursus adapté aux MPI est extrêmement appréciable. Quand je compare les retours sur le cours de compilation et celui de calculabilité de Telecom à ceux sur les cours d'info des autres écoles d'ingé (y compris celles orientées info), c'est le jour et la nuit.

Je serais très intéressé par savoir ce que la personne qui a assuré le cours de compilation (et donc j'ignore le nom) a pensé de l'expérience, d'ailleurs.

@zEgg non c'est un contresens je pense, tactique vs stratégie aux échecs c'est plutôt une différence de court terme/long terme dans le *futur*. Dans les 2 cas le passé ne joue aucun rôle, modulo quelques bits d'information (prise en passant, roque possible, répétition, règle des 50 coups), qui sont probablement plus des questions de tactique que de stratégie d'ailleurs.

Si tu cherches un meilleur terme que "stratégie positionnelle" aux échecs ça s'appelle la tactique. Travailler sa tactique c'est juste faire des puzzles à partir de positions délicate. La "stratégie historique" c'est juste la stratégie (plan à long terme).

Comme interprète (strict) du lambda-calcul non typé, j’aime bien « ocaml -rectypes », qui donne un type à tous les termes clos du lambda-calcul pur (« 'a -> 'a as 'a »).

Ce que tu dis sur les stratégies positionnelles a plein de ramifications, par exemple en théorie des automates il y a un sujet de recherche assez actif en ce moment sur les automates "history-determinist" aka "Good-for-Games", qui sont des automates non-déterministes, mais pouvant utiliser l'historique du mot lu jusqu'à présent pour résoudre leur non-déterminisme et choisir la prochaine transition. Ceux qui ont une stratégie positionnelle sont moralement juste des automates déterministes, mais justement ça ne suffit pas en général, et il se passe plein de trucs rigolos et contre-intuitifs avec ces automates history-determinist.

Les stratégies positionnelles, ça fait très "propriété de Markov".

Et finalement ? comment est reçu ce cours par tes étudiants ?

J'ai un peu enseigné l'informatique, à la fois des matières plus théoriques comme la calculabilité, la théorie des langages et la logique (globalement ton cours, à la fois à fac, et en école d'ingénieur), et aussi des matières très appliqués style projets de programmation en C++.

Je pensais initialement que les étudiants seraient réfractaires aux matières théoriques, mais finalement pas nécessairement. Il y avait finalement plus de contestation en école d'ingénieur de type "ça sert à rien". En caricaturant, les futurs financiers d'un coté veulent faire des maths, et les futurs informaticiens veulent coder.

A la fac, les élèves mangent ce qu'on leurs donne sans trop broncher, à condition que la difficulté soit adaptée à leur niveau. Ce qui est possible même dans les matières théoriques. Par contre, ils ont beaucoup de mal avec la notion de preuve, et même des notations ensemblistes de base, le genre de truc qu'on apprend les deux premières semaines de prépa (et que souvent, personne ne leurs a vraiment enseigné correctement dans un cursus d'informatique).