Comments on La mort comme construction sociale

Dyonisos (2018-09-01T23:45:19Z)

Sur l'argument portant sur l'existence du temps, ça me rappelle les réflexions célèbres de Boltzmann sur la symétrie de son argument pour expliquer statistiquement l'entropie par le caractère numérique bien plus ample des trajectoires allant dans ces directions que celles l'augmentant. Il a rencontré un problème célèbre conduisant à postuler la "past hypothesis" car en effet, son propre argument rendait bien plus probable que l'univers tel que nous avons l'impression de le percevoir, et surtout tous nos souvenirs de tous le passé et les différents indices laissant penser que ce passé existe, tout ceci avait bien plus de chances dans son cadre théorique (sans le postulat rajouté de l'hypothèse du passé posant un univers à très basse entropie au départ) d'être expliqué par une fluctuation entre deux étapes à très hautes entropie que notre représentation courante.
Bref la question de la preuve de l'existence du temps rencontre non seulement la difficulté logique de la circularité qui se présuppose, mais aussi bien d'autres comme le lien à l'entropie auquel je fais allusion grossièrement.
Sur ce que c'est qu'un individu, je suis terriblement dogmatique et rétif aux arguments en faisant essentiellement une question de conventions sociales. L'existence du système immunitaire, l'interdépendance des parties dans un organisme etc m'ont toujours mis sur la voie (facile et étroite ?) d'un donné naturel fondamental dont les arêtes ne sont pas la découpe de conventions sociales mouvantes. Même au niveau des bactéries alors qu'il est bien difficile (en fait absurde et impossible) une fois leur duplication opérée de dire laquelle des deux continue à être la même et laquelle est sa descendante, tant que la scission n'est pas là, il est dans l'organisation même du procaryote de former un individu clairement identifiable et "objectif".

Laurent (2018-08-29T21:04:33Z)

Il n'y a peut être même pas besoin de postuler qu'un seul univers se joue complètement à l'identique à chaque cycle. Même si l'identique ne se reproduit pas voire est improbablement improbable, si l'univers se rejoue à chaque cycle, il suffit d'attendre qu'il se rejoue de cette façon exacte la prochaine fois qu'il le fera. A priori, la notion de recommencement à l'identique n'importe que très peu elle-même, à partir du moment où il n'y a ni commencement ni fin à l'univers lui même, seulement à son cycle, puisque cela finira bien par se (re-re-re-re)produire… La conséquence est aussi qu'il est probable que le nouveau cycle interviendra plus tôt que prévu, puisqu'on a autant de chance de tomber sur celui qui n'en diffère que par la chemise qu'on a mise à la place de celle qu'on a porté le jour de son anniversaire de cinq ans dans ce cycle précis, ce qui double déjà les chances d'y arriver par hasard, et ce sans compter le cycle où on a fini notre premier tube de dentifrice deux jours et treize minutes avant ce même cycle. Sans compter les cycles où je ne suis pas moi même mais en fait Ruxor lui même, et où j'ai donc eu l'occasion de me percevoir déjà cent cinquante deux fois depuis que j'ai eu l'idée de jouer chacun des personnages pseudo-conscients de ce cycle même.

Typhon (2018-08-28T10:12:32Z)

Les Qriqrx me rappellent un concept très similaire que j'avais vu dans un roman de Jack Vance, City of the Chasch ou The Chasch, dans laquelle il décrit une tribu appelée hommes-emblèmes, où le nom et la position sociale des membres de la tribu est déterminée par des emblèmes qui ont des caractéristiques et une personnalité propre, exactement comme le système d'immortalité par convention sociale que tu décris.

Je recommande pas forcément la lecture du livre parce que Vance a le chic pour esquisser des choses très intéressantes pour ensuite les laisser tomber complètement et écrire 200 pages d'Heroïc-Fantasy assez banales (et le héros est un gros Gary Stu, comme on dit sur internet).

Ruxor (2018-08-28T09:11:46Z)

@Unom: Les dieux existent… dans la tête de ceux qui y croient. C'est une forme d'existence très importante. Une comparaison que j'aime bien : la Beauté, aussi, c'est quelque chose qui n'existe que dans l'œil du proverbial spectateur (ce n'est pas quelque chose de préinscrit dans l'Univers, c'est une création de l'esprit humain ; dans le langage de mon entrée sur ce sujet, elle habite le « monde enchanté »), et pourtant, je trouve que ce serait idiot de dire « la Beauté n'existe pas ! ». La Beauté, comme le Dieu chrétien, existe dans le monde des idées et a des reflets dans le monde matériel. S'agissant des dieux, ils n'agissent pas directement sur le monde matériel (selon moi qui suis « athée » au sens usuel), mais en tant qu'idées dans la tête des gens qui y croient, ils ont quand même des conséquences dessus, et des conséquences assez gigantesques, même. Luke Skywalker aussi existe dans le monde enchanté de nos idées, et a un impact sur la vie de gens réels. Je suis bien d'accord que A&B dans ton dialogue disent la même chose et qu'ils sont d'accord. Mais ce que je dis surtout, c'est qu'à partir du moment où on admet que la convention qui fait identifier le David-Madore-de-1988 au David-Madore-de-2018 n'est pas fondée sur une réalité matérielle dure et est avant tout une convention sociale ou individuelle, il n'y a pas de raison de ne pas accepter cette convention, non seulement au cas des Qriqrx qui la prolongent au-delà de la mort dans le monde matériel, mais même à quelqu'un qui la prolongerait au-delà du monde matériel tout court. Qui suis-je pour dire à un chrétien que ce n'est pas « vrai » qu'il verra son Dieu après sa mort ? Qui suis-je pour dire à un fan de Star Wars que ce n'est pas « vrai » que Luke Skywalker est le fils de Darth Vader ?

Unom (2018-08-28T08:26:16Z)

Tout ceci ressemble plus à des jeux sémantiques qu'à des réflexions philosophiques.
A partir du moment où on pas encore convenu de la définition ce qu'est un individu et donc de la définition sa mort, la question de la vie après la mort est un exercice de convention. Si tu fixes une définition précise qui lie la notion d'individu à l'univers (physique) je pense que ça cesse d'être purement conventionnel. C'est à ce moment là que ça devient intéressant.

Après, j'ai un peu de mal avec l'idée selon laquelle tous les dieux 'existent réellement', mais n'agissent pas sur l'"univers physique". Ca ressemble aussi à un jeu de langage, où ta définition de l'expression "exister réellement" diffère très largement de ce que la plupart des gens comprennent par ce terme. En gros tu remplaces "vrai" par "physiquement vrai", "réalité" par "réalité physique". A part ajouter des confusions potentielles et des lourdeurs dans des discussions, je vois pas trop ce que ça apporte.

Exemple de discussion où A et B pensent en fait essentiellement la même chose mais se disputent dans le vide :

A: Luke Skywalker existe réellement, mais n'existe pas réellement physiquement.

B: Luke Skywalker n'existe pas réellement ! mais existe dans en tant que personnage imaginaire, dans un monde imaginaire (non réel).

A : Faux ! Luke Skywalker existe dans un monde réel mais qui n'est pas physique…

ooten (2018-08-27T21:11:45Z)

Pour ma part on ne peut pas se figurer ce qu'on devient après la mort puisque justement on n'existe plus de la même façon qu'on ne peut pas se figurer ce qu'on était avant de naitre puisque on n'existait pas. C'est très simple la mort intervient quand on ne se réveille plus jamais ou qu'on perd définitivement connaissance.

Cigaes (2018-08-27T14:37:17Z)

Je pense que ce que tu racontes ici, qui m'a semblé un résumé utile et intéressant d'idées que tu avais déjà tenues, a aussi des conséquences morales importantes. C'est une instance du fait que tout jugement moral doit s'appuyer, en définitive, sur un système d'axiomes arbitraires, mais je me demande si on peut trouver des choses intéressantes à dire quand on adopte cet angle de vue précis.

N (2018-08-27T10:09:53Z)

Il y a cette image qui me plait bien : la réalité est pliée, en de multiples et infinis différents plis. On peut y trouver des vérités, c'est-à-dire que dans la réalité il y a des plis qui contiennent des images de la réalité elle-même. Il y a des plis qui contiennent les passés, les futurs… Mais c'est dur de déplier la réalité, et on peut en déplier seulement un pli à la fois. La mort est un pli net dans ma réalité, même si j'essaye souvent de le déplier un peu. (Je me remets au travail.)


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