Comments on Quel sens y a-t-il à « pardonner » Turing ?

Thierry (2017-11-10T16:10:20Z)

Nicola Sturgeon a prononcé il y a quelques jours devant le parlement d’Écosse un discours de pardon similaire à celui de Gordon Brown.
<URL: http://www.bbc.com/news/uk-scotland-41891397 >

frankie (2015-01-29T21:44:11Z)

Les Anglais oublient volontiers qu'une machine enigma leur fut apporté par un Polonais, et que les Polonais surent les premiers décrypter ses messages… Lisez Singh si vous voulez savoir comment les choses se passèrent…
Revenant à Turing, on peut acquérir ses carnets de notes :
http://www.bonhams.com/press_release/18431/

Imohtep (2015-01-26T20:24:31Z)

Pour faire suite à mon message précédent, Imitation Game sort finalement ce mercredi 28 janvier en France ! J'ai d'autant plus envie d'aller le voir que j'ai dévoré le bouquin de Hodges suite à ton billet ! J'imagine que le scénario fera la part belle à la relation Turing/Clarke, bien plus que dans la biographie, mais comme j'aime bien Keira Knightley, ça ne me dérange pas ;-)

Imohtep (2014-04-27T10:04:58Z)

Je ne sais pas si tu es au courant, mais l'année prochaine sort le film "The Imitation Game", biographie de Turing basée a priori sur le bouquin écrit par Hodges ! Je suis assez curieux de voir ce que ça peut donner.

frankie (2014-01-06T23:15:29Z)

Le geste de la reine est ubuesque : pourquoi lui, et lui tout seul ?

Rejuger le passé, c'est accorder des compensations en conséquence. Le fait d'aller trop loin dans le passé, c'est s'exposer à des complications sans fin, voir la remise en question du compromis d'Augsburg (plus précisément la volonté de l'appliquer dans son intégralité, avec la remise en question de la sécularisation des biens du clergé)qui conduisit assez directement à la Guerre de Trente Ans. C'est pour ce type de raisons qu'en général la justice s'interdit d'être rétro-active.

Le fait même de vouloir réécrire le passé m'a toujours semblé une aberration, fort naturelle lorsqu'on oublie que le passé par définition ne peut pas se réécrire. Confusion des temps. Pourtant, nous avons un pied dans le passé et un autre dans le futur, le présent en étant l'intersection (un segment commun, et non un point simple) : l'image est de Kafka. Nous vivons des conséquences du passé, que nous le voulions ou pas, avec une liberté qui nous lance dans le futur.
Plus prosaïquement, on veut nous faire accroire quelque part que Turing est gracié car l'homme moderne est supérieur à l'homme ancien, ayant en particulier profité de ses expériences, et qu'il souhaite signifier que vivant rétrospectivement, il n'agirait pas si mal.
Belle confusion mentale.

La grâce est nécessaire pour rassurer celui qui vit maintenant, éventuellement pour des raisons de compensations morales ou financières, ou des rectifications administratives, ou pour condamner la justice d'antan -il n'existe pas de zone de non-droit, mais les valeurs défendues par le droit peuvent être inversées-.

A l'issue de la seconde guerre mondiale, tous les jugements de nature politique à l'encontre d'opposants au régime national-socialiste ont été annulés en Allemagne et des compensations accordées selon les préjudices.

A noter pour l'anecdote que le jugement à l'encontre d'un accusé (promis à la peine capitale, mais son nom m'échappe, je dirais Schulenburg ou Blankenhorn…), lors des innombrables procès qui ont suivi l'attentat raté du comte de Stauffenberg, ne fut pas rendu pour une raison presque symétrique de celle que vous évoquez en droit français : le procureur, qu'Hitler appelait son Vychinski, Freisler il me semble, allait plaider (avec sa grossièreté légendaire) et portait le lourd dossier dans ses bras lorsqu'une alerte aérienne obligea toutes les personnes présentes au tribunal à descendre à l'abri; après la fin de l'alerte on retrouva Freisler, mort, sous une lourde poutre qui s'était détachée du plafond. Le procès fut reporté sine die et le jugement ne fut jamais rendu, l'accusé retrouvant sa liberté après guerre.

En droit français, l'action en justice est éteinte en cas de décès du prévenu (s'il est seul); par contre les dommages et intérêts dépendent d'un jugement de culpabilité. Sont-ils annulés dans la foulée ? Je le pense.
Quant à la question de la culpabilité "post mortem", voici un cas concret sur lequel vous pouvez méditer :
http://www.lexisnexis.fr/legaltag/Culpabilite_post_mortem/Mds_JCPG_Culpabilite_Post_Mortem.pdf

Si Turing avait eu la mauvaise idée d'être français, je doute qu'il eût obtenu la moindre parole de regret de la part de Cameron, c'est là toute la limite opportuniste de son message assez bien tourné, je vous l'accorde.

Je suis souvent choqué par la façon dont les Polonais (aidés au départ par un Français) ont été traités par les Britanniques lors de l'affaire Enigma. Turing n'est venu qu'en second lieu. Cette histoire est relatée en partie dans un livre (bien connu) sur les codes secrets de Singh.

Pour conclure, mes meilleurs voeux pour cette année 2014.

Nick (2014-01-06T10:04:23Z)

1) Une reine ne peut tout de même pas faire des excuses à un de ses sujets qui est inférieur par nature. C'est déjà bien qu'elle le gracie.

2) Si la reine n'avait pas utilisé cette possibilité, maximale d'après le point 1, envers Turing, on aurait pu aussi être étonné ou ému. Ce qui ne préjuge pas des autres possibilités de repentance pour le royaume-uni envers Turing, comme celles que tu cites.

De 1 et 2, on déduit que ton étonnement devrait plutôt être "Comment peut-il encore exister des monarchies de nos jours?" ;-)

Bonne année.

xavier (2013-12-25T15:50:51Z)

Disons que la justice peut s'excuser, en tant qu'institution, d'avoir merdé…mais même ça, on voit mal quelle forme ça devrait avoir en pratique.

Par contre, la justice ne peut pas s'excuser d'avoir dit le droit de l'époque des faits. Ce genre d'excuses ne peuven donc être d'un acte politique et symbolique (en clair, une branlette médiatico-commerciale-vous-voulez-pas-un-avoin??)

J'espère qu'il n'y a pas de droit post-mortem. Il est possible que des lois du genre "un fils de criminel n'a pas accès X" aient existé mais, de nos jours, ça violerait par exemple l'article premier Déclaration universelle des droits de l'homme. Je parie cependant que ça existe encore dans certains pays; pays probablement peu enclins à pardonner quoi que ce soit à qui que ce soit.

ooten (2013-12-24T22:10:33Z)

Je vois, dans ces procédures de réhabilitation juridiques ou pas, des instrumentalisations de faits Historiques de la part d'institutions politiques qui sont sensées de rassembler une nation autour d'elles et donc de les renforcer.

jonas (2013-12-24T13:25:15Z)

I'm not a lawyer so I'm just making guesses here. One guess is that it could do with <URL: https://en.wikipedia.org/wiki/Precedent#Binding_precedent > .

Another guess is that there is some award of honor issued by the government that can be awarded posthumously has the condition that it cannot be given to persons criminally convicted, and the parliment of some country or state is considering to give such an award to Turing. Such rules for awards exist, though I personally believe they are stupid and are generally introduced for political reasons and phrased in tricky ways to selectively not allow the prize to be given to some person unsympathic to the government introducing the law. It is possible that such rule about an award could exist in some country or state but wasn't intended to target Turing in particular, and now instead of adjusting the law for the award, which might bring the original reason for it in first place, they arrange for Turing to be pardonned.


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