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Apokrif (2025-01-23T02:25:15Z)
Steve Taylor sur William James:
"One of the central chapters of The Principles is on time perception. James was a well-travelled man, especially for his era. Apparently viewing a boat journey of several days as a minor inconvenience – equivalent to how we might view a few hours on a plane nowadays – he made many extended visits to Europe. These travels no doubt informed his insights about time perception. As James reflected, “rapid and interesting travel” results in the same “multitudinous, and long-drawn-out” time perception as childhood.1 He speculated that this was due to intensity of perception. In other words, the more intense perception becomes, the more “long-drawn-out” time becomes. James suggested that this was also why time seems to speed up as we get older. As he wrote, “in youth, we have an absolutely new experience, subjective or objective, every hour of the day … but as each passing year converts some of this experience into automatic routine which we hardly note at all, the days smooth themselves out in recollection to contentless units, and the years grow hollow and collapse.”"
Ruxor (2024-12-29T20:22:13Z)
Je viens d'ajouter un micro-addendum à ce billet pour signaler la BD *Ces jours qui disparaissent* qui me semble très en rapport avec le sujet dont je parle.
Dyonisos (2024-12-18T09:03:48Z)
@ Typhon : j'ai exactement le même genre de ressenti en ce qui me concerne !Une conscience aiguë du fait que bien des ruptures objectives quant à mes idées, relations, façons de vivre et pourtant, sans qu'à aucun moment je ne sois en mesure de pointer un élément quelconque qui serait resté le même (pas le moi comme support des qualités changeantes, une des qualités qui serait restée identique), l'impression que, mettons depuis la victoire de Chang à Roland-Garros, pas une seconde ne s'est écoulée qui n'ait fondamentalement changé ce que je suis. Je dirai que c'est en particulier la facilité que j'ai à me replonger dans le souvenir de l'état de conscience que j'avais à tel ou tel moment. Pour les idées ou certains sentiments c'est assez compliqué (les nouveaux ont tendance à "contaminer" ou recouvrir en partie la percée des anciens dans la mémoire) mais certains événements, des surprises (comme la victoire de Chang vue à un très jeune âge, et même cinq ans plus tard la pensée très précise en fin de collège à un moment dans la classe qu'"il s'était déjà passé cinq ans depuis elle" alors que mon enseignant de français disait que nous étions déjà vieux pour des plus jeunes etc..) constituent souvent pour moi des madeleines proustiennes à l'envers, des réactions sur le fil de la conscience qui souhaite se remémorer et non de l'involontaire.
Pire : rien ne motive une idée pourtant indélogeable (à la limite si on va du côté du temps purement indexical de l'univers-bloc où nul présent ne "passe" vraiment pour se muer en autre chose et en communiquant sa réalité de manière dérivée aux autres dimensions du temps on peut trouver des échos mais à coup sûr ce n'est pas ça qui en premier lieu motive cette impression initialement) c'est qu'au fond je pense et je sens les choses fondamentalement de la même manière que dans ma petite enfance (par contre n'ayant que de très rares souvenirs de la très petite enfance, ce n'est pas extensible) et que ce n'est pas la même que celle des autres et qu'il en va de chacun pour soi-même comme dans mon cas. C'est idiot parce que c'est évidemment faux quant au contenu des idées ou des sentiments et que parler de forme, de manière de penser, ici n'a pas non plus vraiment de sens puisqu'elle a énormément varié. La seule chose qui pousse vers ce genre d'identification stricte enjambant les années comme des miettes transparentes, c'est la réapparition de souvenirs nets : tout se passe comme si dans bien des cas je pouvais réactiver un état d'esprit extrêmement proche au point de me paraître identique à ce que j'ai éprouvé il y a x ou y années.
Koko90 (2024-12-17T09:08:27Z)
Sur la perception du temps comme étant plus lent quand on est enfant, je pense qu'il y a deux choses. Effectivement, plus de changement quand on est plus jeune, mais aussi un truc tout bête : quand tu as 10 ans, un an c'est 10% de ta vie. Quand tu as 40 ans, un an c'est 2.5% de ta vie.
sty (2024-12-14T12:55:55Z)
Sur la perception du temps telle que des périodes plus tardives apparaissent plus courtes (perception logarithmique du temps), il me semble que c'est une propriété du cerveau.
Sur une note pas vraiment scientifique, mais poétique, c'est ce que le "Dictionary of Obscure Sorrows" appelle Zenosyne : https://youtube.com/watch?v=SNgyEmYyQF4
Charles (2024-12-12T01:17:22Z)
> maintenant que je suis adulte, et que nous rythmons le passage du temps aux changements qui se produisent
On pourrait dire que c'est une bonne raison pour même adulte continuer à changer autant que possible (de lieux, de travail, peut-être avoir des enfants et les voir grandir etc…).
Couard Anonyme (2024-12-10T11:19:17Z)
Quand j'étais jeune quelqu'un m'a dit "like all high IQ people, you will live a different life every 5 years". J'ai pas trop voulu y croire, d'abord quel lien avec le QI, et puis c'est quoi cette idiotie de vies différentes, je fais ce que je veux et c'est pas un score à un test ridicule qui va diriger ma vie.
Puis j'ai vécu mes vies différentes tous les 5 ans, laissant derrière moi le moi d'avant, son monde, ses amis (et ennemis "mortels"), ses petites habitudes, ses gloires et ses échecs. J'ai fait des métiers aussi fous que disparates, des plus humbles aux plus exigeants, j'ai vécu dans différentes parties du monde, j'ai eu des compagnes, parfois une, parfois plusieurs (parfois en même temps), parfois seules, parfois avec enfants dont j'ai traversé la vie, apparaissant puis disparaissant 5 ans après. J'ai changé des choses parfois sans conséquences, parfois fondamentales. Les gens ont cru que je resterais, pour la gloire, pour la famille, pour les efforts consentis qui se sont enfin revélés payants. Chaque fois je suis parti.
Les moi d'avant sont un autre. On a juste une le même nom et la même mémoire des faits passés.
Jeanne à vélo (2024-12-09T08:35:57Z)
Tes réflexions m'évoquent ces lignes de Paul Valéry écrite à la fin de sa vie à l'occasion de la publication d'un recueil de textes intitulé "Mélange" :
« Ce recueil contient la substance d'une sorte d'album que j'ai formé naguère de fragments très divers et illustré d'une quinzaine d'eaux-fortes pour quelques amateurs. J'ai ajouté plus d'une page au texte primitif.
Il n'est pas de livre dont le titre soit plus vrai que celui-ci. Le désordre qui "règne" (comme on dit) dans Mélange s'étend à la chronologie. Telle chose a été écrite il y a près de cinquante ans. Telle autre est d'avant-hier : entre le bref poème Sinistre et la Cantate du Narcisse, presque un demi-siècle s'est écoulé. Cette quantité de temps ne signifie rien en matière de production de l'esprit. Mais en reprenant ces deux pièces dans mes papiers pour les insérer dans ce recueil, je me suis demandé à quoi l'on pourrait reconnaître qu'elles sont du même auteur, et laquelle d'entre elles fut faite avant l'autre? J'avoue que ces questions m'embarrassaient fort, si, par définition, je n'en connaissais la réponse. C'est là un problème de vieil homme : on sait bien qu'on est le même, mais on serait fort en peine d'expliquer et de démontrer cette petite proposition. Le "Moi" n'est peut-être qu'une notation commode, aussi vide que le verbe "être" – tous les deux d'autant plus commodes qu'ils sont plus vides. »
jeanas (2024-12-08T20:44:49Z)
> Et quand ce n'est pas un problème de chronologie, c'est au moins un problème de perception des durées relatives : je suppose que je ne suis pas le seul dans ce cas, mais mes années d'école primaire, collège et lycée me paraissent incroyablement longues, alors qu'il ne s'agit que de 5+4+3 ans, et des événements qui se sont déroulés il y a 12 ans me paraissent, finalement, relativement récents[#3]. C'est sans doute parce que ma situation changeait beaucoup plus souvent quand j'étais enfant et ado (chaque année apportait des profs différents, des copains différents, etc.) que maintenant que je suis adulte, et que nous rythmons le passage du temps aux changements qui se produisent (cf. ce que je dis plus bas sur les « barrières mentales »).
En ce qui concerne le lycée (plus jeune, c'est plus difficile de se comprendre rétrospectivement), j'ai personnellement trouvé que c'était aussi une question de densité et surtout de variété de choses qu'on découvre sur le monde. Chaque semaine, de nouveaux grands auteurs, de nouvelles périodes de l'histoire, de nouveaux phénomènes physiques ou biologiques, … La vision du monde est un peu comme une image qui devient de plus en plus nette : arrivé à l'âge adulte, il reste à découvrir beaucoup de détails, mais les grandes lignes sont fixées, et l'effet de voir cette image se révéler n'est plus le même.
Un exemple personnel qui me frappe, c'est le stage que j'ai fait en seconde dans un labo de maths. En deux semaines, mes tuteurs m'ont, en résumé, fait calculer la dimension de Minkowski-Bouligand de la courbe de Koch, et résoudre un casse-tête qui conduisait au concept de signature d'une permutation. Aujourd'hui, j'ai un peu la nostalgie de ce genre de périodes qui à l'époque m'ont paru très riches ou intenses. Pourtant, par comparaison, dans les deux dernières semaines, et de manière autonome, j'ai appris quantitativement beaucoup plus de maths, mais après cinq ans à étudier les maths/l'info, ce n'est plus la même chose.
Typhon (2024-12-08T17:14:39Z)
Personnellement j'ai toujours eu du mal avec cette idée de traiter la personne que j'étais comme séparée de la personne que je suis.
J'ai un sens très très fort de ma propre continuité quand bien même je suis conscient d'avoir énormément changé depuis que je suis adulte (j'ai décidé que j'étais adulte quand j'avais 17 ans et ça commence à faire loin), v.
Même par rapport il y a sept ou huit ans, j'ai vécu beaucoup de changements dans ma vie et dans ma façon de penser mais rien à faire, j'ai le sens très fort d'être la même personne que quand j'avais… même quatre ans. Comme si j'étais une essence ou un monolithe surgi du néant et figé une bonne fois.
Je ne suis pas du tout étranger pourtant au fait de me repencher sur mes vieilleries et de m'en sentir aliéné : comment ai-je pu penser ceci ou écrire cela alors que ça ne me correspond plus du tout ? Mais c'est comme si ça comptait pas, comme si c'était un espèce de caprice accessoire ou une immaturité dont j'étais à présent débarrassé, ça ne m'engage pas, c'est comme une vieille paire de chaussure jetée sans remord. Comme si mon Être était ailleurs alors que ça ne veut pas dire grand'chose…
En fait ça m'arrive même de ressentir des pensées de ce genre vis-à-vis de choses que j'ai écrites à un ou deux ans d'écart, comme quoi la continuité c'est pas incompatible avec un genre de mauvaise foi vis-à-vis de soi-même : j'ai toujours raison et si maintenant j'ai raison alors que je dis le contraire de ce que je disais avant, c'est qu'avant j'avais tort mais c'est pas grave car maintenant j'ai raison (j'ai plus ou moins l'illusion de vivre dans un espèce de progrès perpétuel de ma pensée et de mon corps, moyennant néanmoins quelques efforts).
Je ne sais pas d'où vient cette perception de continuité qui n'est pas du tout gênée par la coupure que représente le sommeil, le fait que comme tout le monde j'oublie des choses y compris sur ma propre vie (même si j'ai plutôt une bonne mémoire et à laquelle j'ai fait longtemps une confiance aveugle). C'est lié peut-être à des idées que j'ai héritées de mon père qui me racontait aussi avoir gardé le même tempérament depuis la maternelle (mais je n'ai guère de moyens de savoir si c'est vrai ni même ce que ça peut vouloir dire).
Peut-être aussi que je m'identifie plus à cette composante qui ressens, qui perçois, qui veux et qui dirige sa propre attention et moins à ce que je fais, ce que je dis ou ce dont je me souviens qui serait finalement "plus extérieur" à moi et pas une partie inaliénable de mon identité profonde.
(J'ai lu vers 8-10 ans une nouvelle de Fredric Brown "Entity Trap", qui décrit comment une entité extraterrestre de "pure conscience", intrigué par l'alliance de la conscience humaine avec la matière, se retrouve prisonnier d'abord d'un corps humain mais aussi, en étudiant cette alliance de plus près, prisonnier des *souvenirs* et des *opinions* de la personne qu'il étudie alors que sa nature profonde est totalement autre)
J'en parle comme ça parce que je ne voudrais pas présenter ma perception comme autre chose que ma perception et dont je ne suis pas complètement dupe du reste.
Cela dit ça reste la façon dont j'envisage les choses et la facilité avec laquelle je vois d'autres personnes concevoir leur passé comme détaché de leur identité actuelle me paraît tout autant factice.
Je constate que c'est une vision des choses populaire (j'ai vu plusieurs dessinateurs de BD en tirer partie), mais je trouve ça assez bizarre et je suis parfois agacé par la façon dont ça peut être décrit (par exemple l'idée que nos cellules se renouvellent tous les sept ans, outre que c'est totalement et rigoureusement faux d'un point de vue littéral, je pense que c'est très contestable aussi si on le prend comme une espèce métaphore psychologique, les choses ne sont pas si élégamment cycliques).